La situation géographique exceptionnelle de Grasse a doté sa région d’un climat particulièrement agréable et favorable à la culture de nombreuses espèces florales et aromatiques. Bénéficiant du soleil du sud de la France, de la douceur de la Méditerranée, de la fraîcheur nocturne liée à l’altitude et de l’abondance de cours d’eau, la cité a connu un essor significatif dès le Moyen Age.
Au XVe siècle, une importante industrie de tannerie s’y développe, conférant à la cité une renommée européenne. Le cuir de Grasse est célèbre pour sa qualité et sa couleur verdâtre obtenue par macération dans le myrte. Aussi, le climat très clément de la région permet vers 1560 l’implantation réussie du jasmin dans de vastes champs. La production de Rose de Mai (ou Rosa centifolia), de tubéreuse et de lavande complète peu à peu le paysage alentour.
Puis, le rattachement de la Provence à la couronne de France contribue à aider les productions locales de cuirs et gagner les faveurs de la cour. Eprise par la mode des gants parfumés qui masquent l’odeur des cuirs tannés, Catherine de Médicis aurait, au cours d’un séjour, recommandé l’utilisation des techniques en vogue à Florence. C’est ainsi que la ville se serait orientée pour la première fois vers la parfumerie. Il n’existe toutefois aucune documentation attestant véritablement de la visite de la reine de France à Grasse.
La présence d’un Italien du nom de Tombarelli est également avancée. Par le biais de la mode florentine des cuirs parfumés, il aurait transformé la cité de tanneurs en ville de parfumerie. Cette hypothèse est toutefois contestable car on serait alors en droit de se demander pourquoi les autres cités réputées pour leurs tanneries n’auraient pas suivi la même évolution et créé des corporations de parfumeurs.
Quoi qu’il en soit, Grasse, ville de tannerie et de fleurs odorantes, se consacre sans réserve à la fabrication des peaux parfumées. La demande croissante de ces produits, stimulée localement par l’importante faculté de pharmacie de Montpellier contribue ainsi à l’essor et à la prospérité du lieu.
En 1614, Louis XIII crée la corporation des Maîtres Gantiers Parfumeurs laquelle, dès 1724, se dote à Grasse de statuts spécifiques. Progressivement, la parfumerie devient l’activité exclusive des fabriques grassoises.
Le passage au XIXe siècle marque l’apparition d’une activité industrielle qui supplante progressivement l’artisanat local. De grandes fabriques familiales voient le jour, dont certaines prospèrent encore de nos jours.
Au-delà de la fabrication de produits finis de parfumerie, les usines de Grasse deviennent incontournables pour les matières premières de parfumerie (huiles essentielles qui sont ensuite vendues pour assemblage à différentes maisons).
Les séquelles des deux guerres et de la crise de 1929, ainsi que le développement des échanges internationaux limitent la suprématie grassoise au cours du XXe siècle : la capitale du parfum ne devient pas celle de l’industrie aromatique de synthèse. L’industrie de la parfumerie de masse trouve terre d’accueil en Suisse, aux États-Unis et en Allemagne.
Aujourd’hui, Grasse demeure la cité de la parfumerie de tradition, la patrie de nombreux « nez » célèbres, et reste le lieu incontournable pour tout amoureux de la parfumerie de qualité.