JEUDI 15 MARS 2018 - 18H30
par Carole BlumenfeldLa phrase d’Elisabeth Vigée-Le Brun (la portraitiste favorite de Marie-Antoinette) est bien connue : « Les femmes régnaient alors, la Révolution les a détrônées ». Dès 1793 et 1794, les artistes sont invités à relayer le nouvel ordre moral imposé par le pouvoir. La femme doit désormais se recentrer exclusivement sur son rôle de mère, un discours que Napoléon reprendra bien volontiers sous l’Empire. Pour autant, Marguerite Gérard réalise après la chute du Directoire des toiles éminemment audacieuses où elle met en scène une Parisienne éprise de liberté, bien décidée à vivre selon ses propres règles. L’artiste participe tout à la fois à une dépolitisation du discours sur la maternité mais aussi à l’exploration d’une intimité de la sphère féminine, un chapitre longtemps passé sous silence.
Docteur en Histoire de l’art et ancienne pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Carole Blumenfeld est chargée de mission scientifique au Palais Fesch-Musée des Beaux-arts d’Ajaccio. Elle a consacré plusieurs expositions à la peinture de genre et au portrait du XVIIIe siècle. Son prochain livre, aujourd’hui sous presse, est la première monographie de Marguerite Gérard. En mai prochain, elle présentera à Grasse Parfums d’interdits, l’exposition que le Musée Jean-Honoré Fragonard dédie aux scènes amoureuses de la fin des années 1780 et des années 1790, inspirées par la Hollande du Siècle d’or et le théâtre parisien.