À la cour de Louis XV dite « la cour parfumée », les femmes raffolent des boîtes élégantes comme les boîtes à senteurs, les boîtes à mouches, poudriers, boîtes à perruques, boîtes à fard, tabatières et aussi de petites bonbonnières. Dans la région de Grasse, où les bergamotiers sont cultivés pour la parfumerie, des artisans grassois ont l’idée, dès la Régence, d’utiliser l’écorce parfumée des fruits pour fabriquer de petites boîtes. L’écorce est détachée du fruit, retournée, puis mise à sécher sur un mandrin de bois qui lui donne sa forme. Une fois rigide, elle est recouverte d’un cartonnage, enduite de craie et de colle, puis décorée de motifs peints et vernie. Il en existe de formes sphériques, plates et ovales, en forme de cœurs, de navettes, de paniers, rectangulaires ou de personnages.
Les bergamotes étaient ornées de délicats paysages, de rocailles, de scènes de genre ou motifs divers, d’attributs tels que des instruments de musique, des animaux, de sujets religieux avec des portraits de Saints ou profanes avec effigies de rois ou de reines. Ces ornementations étaient faites dans le goût du XVIIIe siècle, même pour les sujets réalisés au XIXe siècle. Elles font l’objet de cadeaux, souvent dans un cadre amoureux. Les boîtes véhiculaient des messages affectueux, d’amour galant et précieux, de petits mots symbolisant l’attente ou le temps qui s’écoule. Vers 1850, l’ère industrielle sonne le glas de cette production grassoise.